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08 janvier 2006

Épiphanie


 

L’ADORATION

DES MAGES  



 




Matthieu 2, 1-12
1  Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem
2  et demandèrent : "Où est le roi des Judéens qui vient de naître ? Nous avons vu son astre à l'Orient et nous sommes venus lui rendre hommage."
3  A cette nouvelle, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.
4  Il assembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple, et s'enquit auprès d'eux du lieu où le Messie devait naître.
5  "A Bethléem de Judée, lui dirent-ils, car c'est ce qui est écrit par le prophète :
6  Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n'es certes pas le plus petit des chefs-lieux de Juda : car c'est de toi que sortira le chef qui fera paître Israël, mon peuple."
7  Alors Hérode fit appeler secrètement les mages, se fit préciser par eux l'époque à laquelle l'astre apparaissait,
8  et les envoya à Bethléem en disant : "Allez vous renseigner avec précision sur l'enfant; et, quand vous l'aurez trouvé, avertissez-moi pour que, moi aussi, j'aille lui rendre hommage."
9  Sur ces paroles du roi, ils se mirent en route; et voici que l'astre, qu'ils avaient vu à l'Orient, avançait devant eux jusqu'à ce qu'il vînt s'arrêter au-dessus de l'endroit où était l'enfant.
10  À la vue de l'astre, ils éprouvèrent une très grande joie.
11  Entrant dans la maison, ils virent l'enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage ; ouvrant leurs coffrets, ils lui offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la myrrhe.
12  Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner auprès d'Hérode, ils se retirèrent dans leur pays par un autre chemin.



Les Mages. Ils disent la manifestation de Dieu, en l’occurrence manifestation aux nations, à tous, “manifestation” selon le sens du terme issu du grec, “épiphanie”. Commémoration de la naissance de la lumière à Noël : la voilà comme à son zénith. Le Royaume, ici, se fait plus proche.
 
 
Les Mages et l'Histoire
 
On sait ce qu'il en est de ces Mages. Les Mages étaient la caste sacerdotale dans l’Empire perse (donc prêtres plutôt que rois — ils sont devenus rois, "rois-mages", au regard des textes des Psaumes et d’Ésaïe —, et pas nécessairement trois — ça, ça vient du nombre de leurs cadeaux, avant de désigner les trois continents — le monde entier d’alors — qu’ils en viendront à représenter : Afrique, Asie, Europe). Des prêtres, au départ, de la caste sacerdotale des Mages, chez les Perses, de religion mazdéenne — comme les Lévites pour les Hébreux.
 
La religion mazdéenne existe toujours, qui se réclame du prophète Zoroastre (ou Zarathoustra), prophète de Ahura Mazda (comme les mazdéens nomment Dieu). C’est la dynastie des Achéménides, rois des Mèdes et des Perses dont était le célèbre Cyrus, qui l’adopta. Sous son petit-fils Darius Ier (Ve siècle av. J.-C.), le zoroastrisme est la religion en place. Après lui, son fils Xerxès Ier, puis Artaxerxès Ier (qui régna de 465 à 425 av. J.-C.) en furent aussi des fidèles (tous ces rois sont mentionnés dans plusieurs livres de la Bible : Esdras, Néhémie, Daniel, Aggée, Zacharie, Esther…). Sous leurs règnes s'opéra sans doute une synthèse des enseignements de Zoroastre et de la tradition antécédente. Artaxerxès II (qui régna de 404 à 358 av. J.-C.) vénérait Ahura Mazda, Mithra et Anahita. Le mazdéisme est resté la religion de l’Iran durant douze siècles, jusqu’à sa conversion à l’islam à partir du VIIe siècle ap. J.-C.
 
Cette religion, en outre dualiste (où s’opposent le Bien — Ahura Mazda, ou Ormuzd, — et le Mal — Ahriman), et qui, suite à la réforme de Zoroastre, est globalement monothéiste ; cette religion a des racines communes avec l’hindouisme, et donc aussi le bouddhisme. Et ses prêtres, ainsi dotés d’une représentativité universelle, sont les Mages.
 
On voit donc dans notre texte ces Mages informés, apparemment au travers de pratiques astrologiques, de la venue en ce monde d'un roi des Judéens. L'aspect étrange semble s’épaissir : on sait que les premiers chrétiens, comme le judaïsme, rejettent l'astrologie, perçue comme déterministe et s'opposant donc à la liberté des enfants de Dieu.
 
(Aujourd'hui, de plus, après les progrès de l'astronomie moderne depuis Copernic, l'astrologie est dépouillée de tout crédit scientifique ; y compris sous l'angle où — ce depuis le XXe siècle — la science aussi rejette le "déterminisme", l'idée que les choses seraient déterminées à fonctionner de façon immuable et prévisible, ce qui rejoint les raisons qui étaient celles des premiers chrétiens pour rejeter l'astrologie).
 
Bref. Mais alors qu'en est-il de ce texte ?
 
 
Signe de miséricorde
 
Nulle justification de l'astrologie, évidemment : ici, c’est Dieu qui fait apparaître un reflet de sa gloire jusqu'aux parages confus d’une sagesse déficiente comme le sont finalement toutes les sagesses humaines. Comme l'a écrit Paul, par la folie de la croix, "Dieu n'a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde ?" (1 Co 1, 20).
 
Dieu condescend à faire luire un reflet de lumière, à donner un signe jusqu'aux marges de la confuse astrologie (marges, car en fait, ce n’est pas exactement d’astrologie, pas au sens où on l’entend aujourd’hui, qu’il s’agit, mais, on va le voir, de prophétie mazdéenne, qui incluait une référence aux astres). Un signe, que selon leur croyance, ces Mages discernent : un roi des Judéens est né.
 
Un roi des Judéens, les Mages vont donc chez Hérode : normal, il s'agit du roi de Judée en place, ils vont à la famille royale. Et c'est alors la prophétie de l'Écriture juive qui éclairera plus précisément leur chemin : ce sera Bethléem.
 
L'étoile réapparaît alors — v.10 : "à la vue de l'étoile, ils éprouvèrent une grande joie" — comme un dernier clin d’œil.
 
Mais attention, ici les choses, parlant de prophétie, prennent une tournure inattendue. Matthieu, on le sait, bâtit son récit de l’Enfance sur les prophéties de la Bible hébraïque. Et voilà que, chose étonnante, il y introduit une prophétie issue d’une autre religion ! 
 
 
Une autre prophétie
 
Des Mages aux prises avec un roi qui veut les utiliser — ici contre un rival royal potentiel. Des Mages conduits où ils ne voulaient pas aller, de Jérusalem à Bethléem…
 
Où l’on retrouve un épisode parallèle dans le livre des Nombres, et qui n’est pas sans éclairer celui des Mages : Balaam. Comme les Mages, "Balaam s'en alla et retourna dans son pays ; et Balaq s'en alla de son côté." (Nb 24, 25) — comme Hérode du sien. Balaam est un genre de devin, comme les Mages. Balaq lui demande de maudire Israël, comme Hérode qui dans la suite du texte, en massacrera les enfants. Et poussé par Dieu, que lui répond Balaam le devin ? — "Il n'y a pas d'augure en Jacob, ni de divination en Israël : en temps voulu il est dit à Jacob, à Israël, ce que Dieu fait." (Nombres 23, 23) Et voici ce qu’annonce Dieu par Balaam : "Je le vois, mais ce n'est pas pour maintenant; je l'observe, mais non de près: De Jacob monte une étoile, d'Israël surgit un sceptre" (Nombres 24, 17).
 
Étoile annoncée par Balaam, et que rencontrerons les Mages qui lui ressemblent sous l’angle où comme lui, ils sont des prophètes païens. Étoile qui est Jésus.



C’est sans doute par ce type de biais qu’est introduit dans la tradition chrétienne ce qui est connu à l’époque comme une véritable prophétie étrangère, zoroastrienne.
 
L'Évangile arabe de l'Enfance, un texte apocryphe arabe de source syriaque affirme : —Zoroastre, qu’il identifie justement à Balaam — Zoroastre annonça, je cite (ch. 1, v.2), que :
 
"La vierge sera enceinte sans avoir connu d’homme [...]. Son enfant par la suite ressuscitera des morts ; et sa bonne nouvelle [sera connue] dans les sept climats de la terre" ; cela avec pour signe une étoile. Et plus loin, le même texte (ch. 5, v1) : "Des Mages arrivèrent d'Orient à Jérusalem, selon ce que Zoroastre avait prédit".
 
Eh bien ! cette prophétie est connue par ailleurs. L’historien des religions Salomon Reinach, dans son Histoire Générale des Religions rappelle l'essentiel des croyances mazdéennes à ce sujet. Je cite : "À la fin des siècles, Ahura Mazda engagera une lutte décisive contre Ahriman et l'emportera grâce à l'archange Sraoscha (l'obéissant), vainqueur du démon Ashéma. Une Vierge concevra alors de Zoroastre un Messie, le Victorieux, le second Zoroastre qui fera ressusciter les morts et d'abord le premier mort, l'homme primitif : Gayomart."
 
Les historiens précisent en outre qu'en Iran oriental des Mages astrologues se recueillaient chaque année sur une montagne pour y guetter durant trois jours — c’est une partie de leur culte — l'étoile du grand roi.


*


Du coup, pour étrange qu'il nous apparaisse, notre récit sur les Mages prend tout un sens. Dans le cadre de leur attente mazdéenne, des zoroastriens à Jérusalem ? Eh bien, c’est tout à fait envisageable ! L'attente messianique juive dépassait alors largement les frontières d'Israël. Depuis longtemps, des contacts étaient noués entre Israël et les peuples où il a été dispersé. La Bible est alors traduite en grec depuis deux siècles !
 
Le contact est plus particulièrement étroit avec les pensées les plus proches de le religion du Dieu unique (ainsi Paul et les philosophes d'Athènes — Ac 17). Mais aussi une religion comme le zoroastrisme — la religion des Mages, donc.
 
Un signe des temps, ces temps annoncés par Ésaïe, et dont Paul deviendra le grand annonciateur. Voilà un Dieu qui accompagne ceux qui cherchent son salut, même païens, même de façon confuse, jusque dans leur démarche confuse. Un Dieu qui prend le risque de frayer sur les chemins de ce monde, qui prend le risque de l'Incarnation, pour mener ce monde, pour mener la chair, jusqu'à la folie de la rencontre d’un enfant, qui est en fait le fils de Dieu.
 
Un enfant humble de parents humbles chez qui entrent de prestigieux prêtres étrangers, déposant aux pieds de l'infini mystère la richesse de leur or, l'encens de leurs prières, et la myrrhe qui parfume les vivants et les morts. À nous de les y accompagner.
 
Le message de Dieu a rompu les frontières : c'est le mystère que nous fêtons : Dieu est manifesté au monde. Il nous a accompagnés, et nous accompagne dans les méandres de nos réalités afin que nous vivions de sa seule grâce au cœur du monde où nous frayons.
 
 
Le chemin de Dieu
 
Car voilà que face à la recherche de la sagesse, Dieu a opposé la folie de sa présence dans un enfant ; la foi miraculeuse à la faiblesse d’un enfant. À ce point, c’est à nous d’emboîter le pas des Mages et de leur histoire étrange.
 
Rappelez-vous (v.9-10) : « l'astre, qu'ils avaient vu à l'Orient, […] vînt s'arrêter au-dessus de l'endroit où était l'enfant. À la vue de l'astre, ils éprouvèrent une très grande joie. » « De Jacob monte une étoile » avait dit Balaam. Arrêtée au-dessus de l’enfant, l’étoile est le signe de sa provenance, céleste. Cet enfant vient des cieux à notre rencontre, sur nos chemins, même tortueux comme celui des Mages païens ; avec nous mystérieusement, comme la trace d’une étoile, jusqu’à ce carrefour où s’arrête l’étoile et où l’on repart « par un autre chemin ».
 
L’enfant était l’étoile, il est désormais le chemin. Nous n’avons pas eu le cheminement des Mages. Nous avons eu chacun les nôtres, ceux de nos espérances, de nos étoiles confuses, de nos religiosités, de nos soucis, de nos fardeaux, jusqu’à l’enfant, qui mystérieusement, nous a guidés et accompagnés jusque là. À présent l’étoile s’arrête, dévoilant l’enfant, nouveau chemin, lumineux, où nous sommes à présent envoyés avec lui... « un autre chemin »..

R.P.


 

 

12:55 Écrit par rolpoup dans Dimanches & fêtes | Lien permanent | Commentaires (0)

01 janvier 2006

Pour l'an nouveau

 
 
 

Gloire à Dieu dans les lieux très hauts,
Et paix sur la terre
 



 
 
 


 

Que le Seigneur te bénisse et te garde !
Que le Seigneur fasse rayonner sur toi son regard et t’accorde sa grâce !
Que le Seigneur porte sur toi son regard et te donne la paix !
(Nombres 6, 24-26)



 


Luc 2, 13-21 :
13  Et soudain il se joignit à l’ange une multitude de l’armée céleste, qui louait Dieu et disait:
14  "Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix pour ses bien-aimés."
15  Lorsque les anges se furent éloignés d’eux vers le ciel, les bergers se dirent les uns aux autres: Allons donc jusqu’à Bethléem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître.
16  Ils y allèrent en hâte et trouvèrent Marie, Joseph, et le nouveau-né dans la crèche.
17  Après l’avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été dit au sujet de ce petit enfant.
18  Tous ceux qui les entendirent furent dans l’étonnement de ce que leur disaient les bergers.
19  Marie conservait toutes ces choses, et les repassait dans son cœur.
20  Et les bergers s’en retournèrent en glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, conformément à ce qui leur avait été dit.
21  Quand le huitième jour fut accompli, il fut circoncis et fut appelé Jésus, du nom indiqué par l’ange avant sa conception.
 
 
 
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux » ont chanté les anges — « multitude de l’armée céleste ». Il s’est passé là quelque chose d’extraordinaire, qui fait chanter toute la création visible et invisible, qui fait chanter jusqu’à toute la « gendarmerie céleste », pour employer le vocabulaire de Calvin parlant des anges.
 
Car il faut, en effet, se débarrasser de l’imagerie douceâtre qui traduit ces armées angéliques en figures d’angelots joufflus… Exténuant de la sorte le contraste extraordinaire que veut rendre l’Évangile : d’un côté toute la puissance — la Création et ses fondements célestes, toute la terreur, la sainte terreur, que cela peut inspirer ; de l’autre l’humilité de la crèche où naît le souverain de toutes les armées célestes. C’est sans doute le deuxième, pôle empreint de douceur, qu’a voulu rendre l’imagerie des angelots. Mais à quel prix ! Comme quoi nos représentations des réalités célestes, et terrestres, restent inadéquates, contraintes, elles aussi, à l’humilité !
 
Les armées célestes viennent de se joindre à l’ange annonciateur, et dès lors les bergers non plus ne s’y trompent pas. Ils n’y ont d’ailleurs, sans doute, pas été portés. Un ange, même annonciateur d’une bonne nouvelle, est impressionnant. Et alors, quand s’y joint toute la gendarmerie…
 
Mais voilà donc que la chose essentielle, celle qu’ils chantent là, s’est passée à Bethléem, s’est passée dans l’humilité, et concerne celui qui vaut que toutes les puissances de la Création y joignent leur louange.
 
Cela concerne les bergers, et nous concerne avec eux. Cela aussi les anges le clament ! C’est le deuxième aspect de leur chant de louange : « paix sur la terre parmi les hommes de la bienveillance ».
 
« Parmi les hommes de bonne volonté » a traduit la version latine, la Vulgate, de Jérôme — le fameux saint Jérôme :
« Gloria in altissimis Deo et in terra pax in hominibus bonae voluntatis ».
(« Doxa en uqistoiv yew kai epi ghv eirhnh en anyrwpoiv eudokia ».)
 
La traduction n’est pas si mauvaise. Elle rend le terme grec littéralement, selon un des sens possibles… cela en posant une difficulté théologique — qui n’est pas sans intérêt.
 
Car, certes, la paix donnée aux hommes par Dieu en son Fils  n’est pas payante, n’est pas réservée à ceux qui l’auraient méritée par leur bonne volonté ! Ou leur bienveillance ! (L’autre sens possible de l’expression grecque serait : « les élus » — paix sur la terre aux hommes de la bienveillance, du bon plaisir de Dieu, aux élus de Dieu.)
 
Mais justement l’ambiguïté doit alors nous interroger, comme tout propos qui heurte notre sens de l’ordre des choses.
 
Et si là, précisément, se disait aussi, comme avec les chants des armées célestes plutôt que des angelots, la dimension vertigineuse du contraste qu’il nous est donné de contempler.
 
Nous voilà au carrefour entre le Dieu créateur de toutes les choses visibles et invisibles, jusqu’aux puissances célestes, et la réalité de l’humanité qui chemine sous la bienveillance de ce Dieu Tout-puissant, exprimée au quotidien dans sa bienveillance à elle, humanité, une bienveillance tout humaine, et trop rare.
 
Le double sens possible de cette « bienveillance », de cette « bonne volonté » peut alors vouloir dire beaucoup de choses.
 
Cela rejoint Paul disant aux Romains : « vous êtes sauvés par la foi du Christ » — au double sens de foi en Christ et de foi exercée par le Christ. Double sens qui veut que le salut est en ce carrefour où l’on fait confiance en celui qui est fiable, et qui nous sauve par sa seule fiabilité, reçue dans l’humilité de la foi — salut qui donc dépend de sa foi à lui et non pas de la nôtre qui ne fait que le recevoir et croire.
 
Ce double sens rejoint aussi celui du « pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés » — commenté en Matthieu 6, 15 par :
« Si vous ne pardonnez pas, votre Père non plus ne vous pardonnera pas ».
Parole terrible si l’on y voit un Dieu attendant de nous que nous fassions le premier pas vers autrui avant qu’il ne fasse un pas vers nous.
 
Le double sens ici aussi dit exactement le contraire : dans le pardon inconditionnel de Dieu se fonde votre capacité à pardonner, qui sera pour vous comme donnée en signe de la puissance et de la vérité du pardon reçu.
 
« Paix envers les hommes de la bienveillance ». La paix de Dieu, sa bienveillance accordée en plénitude, et signifiée ici dans l’humilité de l’enfant pour qui s’élève la louange de toute la Création, se donne à expérimenter dans la bienveillance qui en découle parmi les hommes, puis depuis les hommes qui deviennent par leur bienveillance autant de signes de ce que la bienveillance divine est effectivement octroyée — et qu’elle se répand.
 
Là est tout le contraste que nous donne ce chant de louange angélique entre la puissance divine dans la Création, la magnificence du Créateur, et l’humilité de l’enfant en lequel il vient à nous.

*

À ce moment le récit entre dans toute son humilité, sa simplicité, ce que nous savons nous figurer : « Marie, Joseph, et le nouveau-né dans la crèche ». Là est tout le salut. « Après l’avoir vu, les bergers racontèrent ce qui leur avait été dit au sujet de ce petit enfant. » Rien de plus à dire !
 
Qu’à s’étonner, comme l’on fait les auditeurs des bergers, et à méditer, comme la mère de l’enfant : « Marie conservait toutes ces choses, et les repassait dans son cœur. »
 
Et reprendre nos chemins avec les bergers qui « s’en retournèrent en glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, conformément à ce qui leur avait été dit ».
 
L’enfant, lui aussi, poursuit sa route d’humilité, chemin des hommes. Déjà ses parents le mènent sur ce chemin et le présentent à sa circoncision : « quand le huitième jour fut accompli, il fut circoncis et fut appelé Jésus, du nom indiqué par l’ange avant sa conception ».
 
Signe extraordinaire à nouveau de ce qu’en lui est le salut des nations, qui selon les promesses des prophètes, découle de Jérusalem, ville du peuple de la circoncision, Cité des origines et demain Cité céleste.
 
Ce signe est en ce que l’Église, qui rassemble les nations autour de cet enfant, datera ses années, non pas du jour de sa naissance, mais du jour de sa circoncision : nous avons fêté sa naissance il y a huit jours. Aujourd’hui, 1er jour de l’année nouvelle, est commémoration de sa circoncision.
 
Le Créateur tout-puissant célébré par les armées célestes a bien répandu sa bienveillance, depuis le cœur de Jérusalem, envers toutes les nations, pour que comme en cascades cette bienveillance qui jaillit de la crèche de l’enfant jusqu’en sa résurrection, se répande désormais parmi les hommes et les femmes ce monde et par les hommes et les femmes de ce monde.

 *

Et cela se donne dans ce simple dévoilement : « Christ, Dieu et homme, ne fait qu’une seule personne. Si je veux trouver Dieu, je vais le chercher dans l’humanité du Christ. Aussi, quand nous réfléchissons à Dieu, nous faut-il perdre de vue l’espace et le temps, car Notre-Seigneur Dieu, notre créateur est infiniment plus haut que l’espace, le temps et la création. » (J’ai cité Martin Luther, Propos de Table, Aubier 1992, p. 204.)
 
Dans et l’espace et le temps, il a donné ce signe de sa présence aux bergers, puis par eux à tous : l’humanité du Christ.


R.P.
 
 
 

 

13:35 Écrit par rolpoup dans Dimanches & fêtes | Lien permanent | Commentaires (0)

31 décembre 2005

à l'an qué vèn


 

     
 

 

 

S’approche un an nouveau…

 

                L’an qué vèn, vèn  

       

 

23:05 Écrit par rolpoup dans Silence & paroles | Lien permanent | Commentaires (0)