08 juillet 2006
Un Dieu...
... absent et sourd ?
Luc 18, 1-8 :
1 « Jésus leur dit une parabole sur la nécessité pour eux de prier constamment et de ne pas se décourager.
2 Il leur dit: ''Il y avait dans une ville un juge qui n’avait ni crainte de Dieu ni respect des hommes.
3 Et il y avait dans cette ville une veuve qui venait lui dire: Rends-moi justice contre mon adversaire.
4 Il s’y refusa longtemps. Et puis il se dit: Même si je ne crains pas Dieu ni ne respecte les hommes,
5 eh bien! parce que cette veuve m’ennuie, je vais lui rendre justice, pour qu’elle ne vienne pas sans fin me casser la tête.''
6 Le Seigneur ajouta: ''Ecoutez bien ce que dit ce juge sans justice.
7 Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit? Et il les fait attendre!''
8 Je vous le déclare: ''il leur fera justice bien vite. Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?'' »
Pour obtenir quelle justice les élus crient-ils à Dieu nuit et jour (Luc 19, v. 7) ? Car c’est donc bien finalement d’eux qu’il est question dans cette affaire de veuve. Élus c’est-à-dire en bref : peuple en mission.
Voilà qui donne une connotation qui vaut de n’être pas négligée : élus/veuve. Au-delà du fait que les veuves, en un temps sans protection sociale, sont le plus souvent dans un dénuement total, le parallèle élus/veuve éveille un soupçon redoutable. Si en effet la métaphore matrimoniale est constante chez les prophètes, qui connote peuple de Dieu et épouse de Dieu, ne voilà t-il pas une parabole pouvant suggérer comme une apparente… mort de Dieu ?! Ou au moins une absence : c’est là un des thèmes de l’exil.
Revenons aux élus : élus, c’est-à-dire invariablement, élus pour un envoi. Peuple en mission : voilà qui évoque, on le sait, une autre des interprétations de l’exil. Mission, car que ressort-il de l’exil ? — : que le Nom de Dieu se diffuse parmi les nations. Ce qui n’atténue que partiellement le mystère de l’exil. Quid de son motif historique ? — : « ce sont vos péchés qui vous éloignent de moi » disait Ésaïe (59, 2). Ainsi, il y aurait un éloignement par rapport à Dieu. Se serait-il absenté ? — comme le suggèrent nombre d’autres paraboles évangéliques…
Reste que pour la veuve — image, pour lors, d’Israël en exil, coupée de son Dieu — l'attitude du juge demeure incompréhensible, et ne trouve surtout pas dans la parabole d'explication par quelque manquement. Mais l’exil historique est censé pourtant avoir pris fin ! Eh bien précisément : voilà l’exil devenu le signe historique d'un exil plus fondamental : l'exil dans le malheur, la douleur, et le péché. Et au-delà de toutes les rédemptions, c'est de la rédemption de cette captivité-là que Jésus se veut porteur.
On sera tenté de dire : ces maux-là qui adviennent, incompréhensibles, l'auteur n'en serait-il pas le diable ? Ce serait certes une façon commode d'excuser Dieu, commode, mais courte, trop commode : Dieu serait-il impuissant face au diable ? Ce n’est pas ce que suggère Jésus, qui renvoie, via le juge agacé, non pas au diable, mais à Dieu. Où notre parabole garde tout son poids et son mystère. Il est des choses qui nous semblent bien étranges, bien injustes, dignes de révolte.
Ce que Jésus ne nie pas. Il ne nous induit point à tergiverser face à ce qui tient finalement du scandale : ce juge est imbuvable. Il ressemble au Dieu qui nous semble muet et sourd à nos malheurs !
Et Jésus ne suggèrera même pas d'excuses à fournir à ce Dieu, qui reste Dieu, mais à persévérer, à requérir la justice de la foi, à même de se manifester, dans sa splendeur et sa liberté. L'exil aura son terme, l'errance au désert prendra fin…
Encore que : « Quand le Fils de l'Homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » !
R. P.,
sur Luc 18, 1-8 –
pour Échanges — juillet-août 2006
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08 mars 2006
JMP 2006
... à Antibes avec
les femmes d’Afrique du Sud
La Journée mondiale de prière (JMP) est célébrée dans plus de 170 pays. La JMP est un mouvement de femmes chrétiennes laïques engagées à l'étendre sur toute la terre. Elle est le plus grand et le plus ancien mouvement oecuménique de prière. Les textes de prière (la liturgie) sont rédigés chaque année par des femmes d'un pays différent, ce qui est une de ses particularités. Des femmes de diverses provenances et de différentes Eglises d'Afrique du Sud ont écrit la liturgie de 2006 sous le titre "Signes des temps"… (suite…)
Le thème "Signes des temps" est tiré de Matthieu 16, 1-8. Les rédactrices de la liturgie nous appellent à reconnaître avec elles les signes des temps actuels et à les interpréter. Dans l'image ci-dessus, l'artiste sud-africaine Estelle Roos a transposé ses impressions du texte de Luc 21, 5-19. Différents signes symbolisent ce qui perturbe la vie. La feuille trilobée de l'arbre de vie est le signe de notre espérance en Christ.
Journée Mondiale de Prière -
-> rencontre 2006 Antibes-Juan-les-Pins
-> Prédication de Martine-Blanche Yéble Oga-Poupin
Paroisse - Église réformée de France
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04 mars 2006
"Signes des temps"
"Signes des temps"
Journée mondiale de prière
avec les femmes d'Afrique du Sud,
la "nation arc-en-ciel"
Prédication de Martine-Blanche Yéble Oga-Poupin
Matthieu 26, 1-13
1 Or, quand Jésus eut achevé toutes ces instructions, il dit à ses disciples: "Vous le savez, dans deux jours, c’est la Pâque:
2 le Fils de l’homme va être livré pour être crucifié."
3 Alors les grands prêtres et les anciens du peuple se réunirent dans le palais du Grand Prêtre, qui s’appelait Caïphe.
4 Ils tombèrent d’accord pour arrêter Jésus par ruse et le tuer.
5 Toutefois ils disaient: "Pas en pleine fête, pour éviter des troubles dans le peuple."
6 Comme Jésus se trouvait à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux,
7 une femme s’approcha de lui, avec un flacon d’albâtre contenant un parfum de grand prix; elle le versa sur la tête de Jésus pendant qu’il était à table.
8 Voyant cela, les disciples s’indignèrent: "A quoi bon, disaient-ils, cette perte?
9 On aurait pu le vendre très cher et donner la somme à des pauvres."
10 S’en apercevant, Jésus leur dit: "Pourquoi tracasser cette femme? C’est une bonne oeuvre qu’elle vient d’accomplir envers moi.
11 Des pauvres, en effet, vous en avez toujours avec vous; mais moi, vous ne m’avez pas pour toujours.
12 En répandant ce parfum sur mon corps, elle a préparé mon ensevelissement.
13 En vérité, je vous le déclare: partout où sera proclamé cet Evangile dans le monde entier, on racontera aussi, en souvenir d’elle, ce qu’elle a fait."
*
Les célébrations des JMP (Journée Mondiale de Prière) se succèdent au fil des ans et se ressemblent dans la continuité des textes soumis à notre méditation. L’année passée, le texte de méditation portait sur le passage de 2 Rois chapitre 5. Texte où Naaman, chef d’état major de l’armée Syrienne (si l’on peut ainsi l’appeler), Naaman, celui-là même qui a conçu le plan de guerre et conduit l’armée syrienne à la victoire face à un affrontement armé avec Israël, Naaman en question a été frappé par la lèpre. Et pour guérir de sa lèpre, il lui a fallu se rendre auprès d’Elisée, prophète d’Israël. En d’autres termes, c’est d’Israël, l’adversaire de la Syrie, le vaincu de la Syrie, que Naaman devait obtenir la guérison. Un texte qui nous enseigne le pardon infini. En effet, comment après avoir subi une défaite humiliante de la part de l’armée Syrienne, Israël pouvait accepter de cœur joie, d’octroyer la guérison à Naaman ; celui-là même qui, à la tête de l’armée syrienne, a conduit les opérations qui ont provoqué la défaite de l’armée d’Israël ? Le pardon infini. C’est ce que le prophète Elisée a accompli par la guérison de Naaman. Du coup, nos consciences sont interpellées. Nous qui ne pardonnons jamais les offenses de nos voisins, de nos parents proches. Parfois même de nos conjoints et qui faisons payer aux autres le moindre mal qu’ils nous ont fait. Nous qui passons notre temps à ruminer vengeance pour les moindres offenses subies. Le prophète Elisée et par delà Israël, nous donne un exemple de pardon infini devant le pire ennemi.
Et le texte de 2 Rois que nous avons médité au cours de la JMP l’année passé ne s’arrête pas seulement au niveau du pardon infini. Il va plus loin. En effet, Face au prophète Elisée qui lui demande d’aller se baigner sept fois dans le fleuve Jourdain pour retrouver une peau saine et pure, Naaman opposera une résistance farouche en évoquant les fleuves de Damas que sont l’Abana et le Parpar. Il interroge : Les fleuves de Damas, l’Abana et le Parpar, ne valent-ils pas mieux que toutes les eaux d’Israël ? L’attitude de Naaman rappelle bien de nos attitudes et comportements envers les lois établies et envers l’évolution de nos sociétés. Face au progrès rapide et vertigineux de nos sociétés, devant les bouleversements sociaux dignes des sociétés en mutations, et face au dépaysement qui est nôtre, ne nous arrive-t-il pas de nous rebeller devant les nouveaux ordres qui nous bousculent dans nos certitudes séculaires et nos habitudes anciennes ? Combien de fois répétons-nous « de mon temps, on faisait ceci, on faisait cela, dans mon village, dans mon pays c’était plus beau et plus supportable...etc. »
Certes, mon frère, ma sœur, de ton temps, dans ton village, dans ton pays, tout était brillant. Mais maintenant, un nouveau monde se met en place. Une nouvelle dynamique de vie t’est offerte et tu es invité à t’y inscrire résolument à la manière de Naaman qui malgré tout, finira par accepter de se baigner sept fois dans le Jourdain. Et c'est à ce prix, que sa peau est devenue saine et pure. Ce commandement s’adresse aussi à toi ma sœur, à toi mon frère : va, baigne-toi dans le Jourdain sept fois. Et ta peau deviendra pure et saine. En d’autres termes, renonces à tes habitudes, répands-toi, crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé. C’était le message de la JMP de l’année passée.
Nous venons maintenant au texte de la JMP d’aujourd’hui. Ce texte de Matthieu 26,1-13 qui lui aussi, s’inscrit toujours dans la continuité des textes de la JMP. Ce passage de Mathieu 26, 1 à 13 est appelé « l’onction de Béthanie ».
Dans ce texte, alors que Jésus évoque le complot dont il va être victime, survient une femme, dont on ne mentionne pas le nom. Cette femme, d’après le texte, vient avec du parfum de grand prix et le verse sur la tête de Jésus. La scène se passe à Béthanie, le village de Lazare ressuscité trois jours après sa mort. Mais aussi, Béthanie, c’est le village de Marthe et Marie, les sœurs de Lazare. Le mot Béthanie en Hébreu, signifie lui-même « la maison du pauvre ». Si ce village porte bien son nom, c’est-à-dire que si il est effectivement la maison du pauvre, et donc un village où vivent des hommes et des femmes pauvres, entièrement démunis, on peut bien comprendre pourquoi les disciples se sont offusqués de ce qu’un parfum aussi cher ne soit pas vendu, avec les fonds de vente redistribués à ces pauvres. Mais là, ce n’est qu’une parenthèse. Nos préoccupations sur ce texte s’articulent autour de deux questions.
Première question : pourquoi ne connaît-on pas le nom de la femme qui a versé ce parfum si cher sur la tête de Jésus ?
Deuxième question : pourquoi les disciples se sont-ils offusqués devant l’attitude de cette femme apparemment généreuse ?
Essayons de répondre à la première question. L’oubli volontaire ou involontaire du nom de la femme qui a oint le Seigneur Jésus. Chose étrange. Comment peut-on ignorer le nom de l’auteur d’un récit d’une si grande importance ; récit dont Jésus lui-même a prévu qu’il serait fait mention partout où l’évangile serait annoncé ? Chose étrange, chose curieuse. Une Théologienne tente de nous apporter une réponse. De nationalité Allemande, cette Théologienne, du nom d’Elisabeth SCHÜSSLER Fiorenza affirme, et je cite : « Dans le récit de la Passion de l’évangile de Marc, trois disciples se distinguent avec netteté : d’une part, deux des douze –, Judas qui trahit Jésus et Pierre qui le renie -, d’autre part, la femme dont le nom nous est inconnu, qui parfume Jésus lors de ce qu’il est convenu d’appeler « l’onction de Béthanie ». Mais, tandis que l’histoire de Judas et celle de Pierre sont gravées dans la mémoire des chrétiens, l’histoire de cette femme est pratiquement oubliée. Bien que, chez Marc, Jésus affirme : « En vérité je vous le déclare, partout où sera proclamé l’Evangile dans le monde entier, on racontera aussi, en souvenir d’elle, ce qu’elle a fait. Le geste prophétique de cette femme ne fait pas partie de ce que la plupart des chrétiens ont retenu de l’Evangile. Et même le nom de cette femme a été perdu pour nous. Partout où l’Evangile est proclamé et l’eucharistie célébrée, une autre histoire nous est dite, celle de l’apôtre qui a trahi Jésus. On se rappelle le nom du traître, mais on a oublié le nom de cette disciple fidèle parce que c’est une femme. » fin de citation.
Mais mon frère, ma sœur, toi qui m’écoute aujourd’hui, pourquoi un tel oubli ? La réponse est simple. C’est parce que l’histoire de Jésus s’est déroulée dans un monde juif dominé par le patriarcat. Par la suite, cette histoire a été écrite et rédigée d’une manière à la rendre plus attrayante à un public gréco-romain lui aussi de mentalité patriarcale.
Le texte nous dit qu’une femme inonde Jésus d’un parfum de grand prix. Cet incident provoque immédiatement des objections du côté des disciples. Quant à Jésus, non seulement, il désapprouve les disciples, mais encore, il justifie le geste de la femme. Nous en venons à notre deuxième question : mais, pourquoi les disciples ont mal perçu l’acte de la femme envers Jésus ; Est-ce vraiment par souci pour les pauvres comme ils l’ont laissé entendre ?
La réponse est non. Et Jésus connaît bien leurs pensées et voilà pourquoi il les désapprouve. De même, par la réaction des disciples, on est sûr que cette femme au nom inconnu n’a pas fait que verser l’huile sur les pieds de Jésus. Bien plus, elle a oint d’huile Jésus, en lui versant l’huile, non sur les pieds, mais sur la tête. C’est cela qui irrite les disciples. En effet, verser de l’huile sur la tête d’une personne dans la tradition juive est un acte significatif, voire un acte symbolique. Car, dans la tradition juive, il arrive que l’on verse du parfum sur les pieds de quelqu’un pour lui manifester un sentiment noble. Par exemple, le lavement des pieds comme le versement du parfum au pied d’une personne sont des gestes ordinaires et très courants dans la société juive. Gestes qui montrent l’amitié, la solidarité, la fraternité, la sympathie entre des amis, des parents ...etc. Par contre, le versement d’huile sur la tête d’une personne reste lui, un acte privilégié, réservé au strict usage des prophètes. Car c’est à travers l’onction d’huile sur la tête que les rois étaient désignés et les prophètes reconnus. Et dans l’ancien Testament, le prophète marquait de l’onction de la tête le roi d’Israël. Voilà pourquoi les disciples de Jésus étaient vexés et irrités de l’acte posé par la femme. Car, à travers son acte, la femme au nom inconnu a été la première personne à reconnaître et à attester officiellement la messianité de Jésus. Un homme, Pierre, fils de Zébédé, ancien pêcheur, a confessé la messianité de Jésus sans trop y croire. La femme, elle, non seulement l’a reconnue mais encore, elle l’a attestée par le sceau de l’onction !
Du coup, selon Elisabeth Schüssler Fiorenza et je cite : « Etant donné que dans l’Ancien Testament le prophète marquait de l’onction la tête du roi d’Israël, l’onction faite sur la tête de Jésus a dû être immédiatement comprise comme la reconnaissance prophétique de Jésus, l’Oint, le Messie, le Christ. Selon la tradition, c’était une femme qui devait nommer Jésus par un geste prophétique. C’était une histoire politiquement dangereuse. » fin de citation.
Devant une telle situation, il fallait brouiller les pistes, notamment par l’omission volontaire du nom de cette femme pour éviter qu’elle ne rentre dans l’histoire. Mais aussi, il fallait la rabrouer, la réprimer, la persécuter même à cause de sa prétention à vouloir réorienter le sens de l’histoire, en se substituant volontairement au prophète pour oindre Jésus de la tête. Car, de par sa prétention de vouloir se substituer au prophète, elle qui n’est qu’une femme c’est-à-dire, maillon faible de le société d’alors, elle bousculait la tradition. Ce qui est inacceptable pour les tenants rigoureux de cette tradition. Voilà pourquoi les disciples s’en sont pris à elle. Pourquoi n’a-t-on pas vendu un parfum aussi cher pour redistribuer les fonds aux pauvres ? Se sont-ils exclamés devant leur refus de voir leurs habitudes bousculées. Comme Naaman dans le livre des Rois : l’Abana et le Parpar à Damas ne valent-ils pas mieux que tous les fleuves d’Israël ?
Et pour ce qui nous concerne, vous et moi aujourd’hui : pourquoi faisons-nous ceci ou cela de nos jours alors que du temps de nos pères c’était ainsi ? Pourquoi mon voisin, ma voisine devrait-il avoir ceci ou cela et non moi ? Et pourquoi celui-là ou celle-là dont mes aïeuls ont colonisé puis évangélisé les ascendants devrait-il aujourd’hui m’enseigner moi la parole de Dieu ou même les valeurs républicaines ? Pourquoi un nègre ou un Arabe devrait-il se retrouver parmi les instances les plus hautes de la cité voire de la république ? Comment les descendants d’anciens esclaves devraient-ils exercer des fonctions administratives dans nos bureaux ; eux qui devraient faire du ménage à perpétuité ? Pourquoi les immigrés devraient-ils occuper les fonctions dévolues aux Français de souche ? Et pourquoi viennent-ils épouser nos filles et nos fils ; eux qui sont des sous-hommes ? D’ailleurs, que viennent-ils chercher chez nous alors qu’ils n’ont pas la même culture que nous ? Allons, chassons-les de chez nous ; ou alors, qu’ils restent chez nous, mais en clandestinité. Surtout, ne jamais les régulariser. De peur qu’ils n’occupent les emplois de nos enfants. D’ailleurs, ne leur louons pas nos appartements. Chez eux, ils ne dorment que dans les arbres.
De l’autre côté des anciens colonisés, ce n’est guère brillant. Ecoutons-les : pourquoi ceux et celles, c’est-à-dire les Blancs, dont les ascendants ont asservi nos ancêtres par le commerce triangulaire devraient-ils continuer à vivre dans nos pays et continuer de nous piller à la manière de nos ancêtres ? Que font-ils encore dans nos pays alors que nous avons acquis l’indépendance depuis des décennies et qu’on a plus besoin d’eux ? Pourquoi ne les poursuivons-nous pas devant les tribunaux compétents pour tout le mal que leurs ancêtres ont fait aux nôtres afin qu’ils nous dédommagent ? Ne nous ont-ils pas assez volé nos matières premières ? Comment se fait-il que nous qui sommes assis sur des gisements miniers, nous sommes dans la misère alors que ceux qui n’ont que la neige pour matière première se la coulent douce ? D’ailleurs, d’où vient tout ce fer qui a servi à bâtir la Tour Eiffel alors que la France n’a pas un seul fer dans son sous-sol ? Et pourquoi devraient-ils posséder des terres dans nos pays alors qu’ils sont des étrangers chez nous ? Allons, empêchons-les de continuer à nous piller. Exproprions-les de toutes les terres qu’ils nous ont volées. Qu’ils rentrent tous chez eux. Avec leurs mœurs dissolues, leurs perversions sexuelles.
Les faux prophètes renchérissent : puisque les missionnaires et les colonialistes ont débarqué dans le même bateau, renions l’évangile de Jésus qu’ils nous ont apporté et retournons à nos religions traditionnelles comme le Vaudou par exemple. Ou, devenons simplement athées pour devenir d’authentiques citoyens de nos pays.
Et çà, ce n’est que le tableau des relations entre l’Europe et l’Afrique. Que dire des relations entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud ? Entre la Russie et les peuples du Caucase ? La Chine et le Tibet ? L’Amérique et les terroristes Islamistes ? En Afrique du Sud même, thème de notre journée Mondiale de Prière aujourd’hui, c’était le cas jusqu’à une époque récente. Elle est longue. Trop longue même. La liste de nos plaintes et de nos frustrations face au monde qui évolue. Et l’Afrique du Sud est là, pour nous montrer par son exemple passé, comment ces frustrations peuvent occasionner parfois des situations incontrôlables, dramatiques et tragiques.
Naaman refuse de faire de l’ombre aux fleuves de Damas que sont l’Abana et le Parpar pour faire la publicité au fleuve du Jourdain. Quant aux disciples de Jésus, ils refusent d’être à l’ombre en tant qu’hommes, pour honorer une simple femme en lui accordant les pouvoirs de prophétesse à travers l’onction de Jésus. Seulement voilà, ils savent s’y prendre pour voiler leurs réelles intentions. C’est ainsi qu’ils donnent l’impression de se soucier des pauvres alors qu’il est question d’eux-mêmes.
Mon frère, ma sœur, réfléchissons nous-mêmes : combien de fois nous avons fait obstruction nous aussi au rayonnement de l’autre ? Combien de fois nous nous sommes mis en travers les bonnes actions, juste pour empêcher qu’elles ne profitent pas à ceux que nous ne portons pas dans nos cœurs ? Que n’avons-nous pas entendu ici et là lorsqu’il s’agissait d’aider le tiers-monde ? Toutes les raisons sont bonnes pour qu’on n’aide pas le plus nécessiteux. Par exemple, le fait qu’ils ne sont pas chrétiens comme nous, ou alors que nous ne croyions pas en la sincérité de leur foi en Jésus, ou même alors le fait que nous pensons qu’on a suffisamment fait pour eux et que maintenant, il faut penser à nos propres pauvres.
Mon frère, ma sœur, devant nos folies, nos attitudes insensées et nos propensions retrogrades, voire nos comportements indignes d’enfants de Dieu, voici l’attitude de Dieu et c’est la bible qui nous la révèle : « Dieu du haut des cieux, regarde les fils de l’homme pour voir s’il y en a qui pratiquent le bien. Il n’y a aucun salut pour les hommes. Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. » Voilà pourquoi le Psalmiste prie en ces termes : « Seigneur, si tu comptes nos fautes, qui pourra subsister ? Ta justice est trop haute, qui pourra résister ? Mais, le pardon se trouve auprès de toi Seigneur. Pour que nos cœurs éprouvent, la crainte de leur rois. » Psaume 130.
Pourquoi le Jourdain et non l’Abana et le Parpar ; demande Naaman. Et pourquoi ne vent-on pas ce parfum si cher pour aider les pauvres ; questionnent les disciples.
Quant à nous aujourd’hui : c’est, pourquoi un ou une telle et ses enfants, et non pas moi et mes enfants ? Mais pourquoi devons-nous faire ceci plutôt que cela ?
Mon frère, ma sœur, devant toutes ces questions que nous nous posons face aux changements de nos sociétés, changements de nos sociétés qui font souvent vivre ensemble ceux que l’histoire a séparés hier, Jésus a une seule réponse « aime ton prochain comme toi-même. »
Et devant nos refus de voir changer les anciennes habitudes comme Naaman et les disciples de Jésus, voici ce que le Seigneur Jésus nous dit : « Que votre cœur ne se trouble point. Croyez en Dieu et en moi. Il y a plusieurs demeures au ciel dans la maison de mon père. Si cela n’était pas, je vous l’aurais dit. Je vais vous préparer une place. Et, lorsque je m’en serai allé, et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi. Vous savez où je vais, et vous en savez le chemin » Jn 14. Mon frère, ma sœur, un monde nouveau se met en place pour toi et pour moi. C’est Dieu qui le met en place par son fils Jésus. Nous n’y pouvons rien. Car, Dieu ne tient pas compte de notre avis. Il ne dépend pas de ce que nous sommes mais bien de ce qu’il peut et veut faire de nous. Un nouveau monde se met en place. Pour toi et pour moi. Sachons en lire les signes. Hier, l’Afrique du Sud était un peuple morcelée, meurtrie et brisée. Aujourd’hui, elle est une nation unie, la Nation Arc en Ciel. Ne serait-elle pas la préfiguration du monde nouveau qui vient, et se qui se met en place ? Sachons lire les signes du temps. Car, ainsi parle le Seigneur Jésus : « Quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le blé est mûr et le temps de la moisson proche. » Paroles du Seigneur. Amen.
Martine-Blanche Yéble Oga-Poupin
Prédication de la JMP (Journée Mondiale de prière)
Antibes, vendredi 03 mars 2006
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