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26 février 2006

Infidèles témoins…




… d’un Dieu fidèle









La grâce et la paix vous sont données de la part de Dieu notre Père et de Jésus-Christ notre Seigneur.


(Déroulement liturgique sur les textes du jour :)


(Psaume 103 :)

Louange
1 […] Mon âme, bénis l’Éternel! Que tout en moi bénisse son saint nom!
2 Mon âme, bénis l’Éternel, Et n’oublie aucun de ses bienfaits!
3 C’est lui qui pardonne toutes tes fautes, Qui guérit toutes tes maladies,
4 Qui rachète ta vie du gouffre, Qui te couronne de bienveillance et de compassion,
5 Qui rassasie de biens ta vieillesse, Qui te fait rajeunir comme l’aigle.

Confession de péché
6 L’Éternel fait justice, Il fait droit à tous les opprimés.
7 Il a fait connaître ses voies à Moïse, Ses hauts faits aux fils d’Israël.

Seigneur, nous confessons devant toi que nous ne t’avons pas été reconnaissants, que nous ne nous sommes pas conformés à tes voies.

Grâce
8 Le SEIGNEUR est miséricordieux et bienveillant, lent à la colère et plein de fidélité.
9 Il n’est pas toujours en procès et ne garde pas rancune indéfiniment.
10 Il ne nous traite pas selon nos péchés, il ne nous rend pas selon nos fautes.
11 Comme les cieux dominent la terre, sa fidélité dépasse ceux qui le craignent.
12 Comme le levant est loin du couchant, il met loin de nous nos offenses.
13 Comme un père est tendre pour ses enfants, le SEIGNEUR est tendre pour ceux qui le craignent;
14 il sait bien de quelle pâte nous sommes faits, il se souvient que nous sommes poussière.

(2 Co 3, 4-5 :)
4 Telle est l’assurance que nous avons par le Christ auprès de Dieu.
5 Non que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir quelque chose comme venant de nous-mêmes, mais notre capacité, vient de Dieu.

Loi (Psaume 103 :)
15 L’homme! ses jours sont comme l’herbe; il fleurit comme la fleur des champs:
16 que le vent passe, elle n’est plus, et la place où elle était l’a oubliée.
17 Mais la fidélité du SEIGNEUR, depuis toujours et pour toujours, est sur ceux qui le craignent, et sa justice pour les fils de leurs fils,
18 pour ceux qui gardent son alliance et pensent à exécuter ses ordres.
19 Le SEIGNEUR a établi son trône dans les cieux, et sa royauté domine tout.

Voici donc son commandement :
20 Bénissez le SEIGNEUR, vous ses messagers, qui, de toutes vos forces, êtes au service de sa parole, qui obéissez dès que retentit sa parole.
21 Bénissez le SEIGNEUR, vous toutes ses armées, vous ses ministres qui faites sa volonté.
22 Bénissez le SEIGNEUR, vous toutes ses oeuvres, partout dans son empire. Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme.


*


Lectures :

Osée 2, 16-20 (-22)
16 Et il adviendra en ce jour-là - oracle du SEIGNEUR - que tu m'appelleras "mon mari", et tu ne m'appelleras plus "mon baal, mon maître".
17 J'ôterai de sa bouche les noms des Baals, et on ne mentionnera même plus leur nom.
18 Je conclurai pour eux en ce jour-là une alliance avec les bêtes des champs, les oiseaux du ciel, les reptiles du sol ; l'arc, l'épée et la guerre, je les briserai, il n'y en aura plus dans le pays, et je permettrai aux habitants de dormir en sécurité.
19 Je te fiancerai à moi pour toujours, je te fiancerai à moi par la justice et le droit, l'amour et la tendresse.
20 Je te fiancerai à moi par la fidélité et tu connaîtras le SEIGNEUR.


Marc 2, 16-20 (13-22)
16 […] Des scribes pharisiens, voyant qu'il mangeait avec les pécheurs et les collecteurs d'impôts, disaient à ses disciples : "Quoi ? Il mange avec les collecteurs d'impôts et les pécheurs ?"
17 Jésus, qui avait entendu, leur dit : "Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades ; je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs."
18 Les disciples de Jean et les Pharisiens étaient en train de jeûner. Ils viennent dire à Jésus: "Pourquoi, alors que les disciples de Jean et les disciples des Pharisiens jeûnent, tes disciples ne jeûnent-ils pas ?"
19 Jésus leur dit : "Les invités à la noce peuvent-ils jeûner pendant que l'époux est avec eux ? Tant qu'ils ont l'époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner.
20 Mais des jours viendront où l'époux leur aura été enlevé ; alors ils jeûneront, ce jour-là. […]


*


Les interlocuteurs de Jésus expriment leur trouble à le voir manger avec les pécheurs, infidèles à Dieu, qui frayent avec les occupants Romains, représentants d'un pouvoir idolâtre. Lui, ayant cité le proverbe populaire : « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades », de préciser : « je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. »

S’ensuit une question sur le jeûne puisque outre le fait de manger avec les pécheurs en question, les disciples prennent par-dessus le marché le jeûne par-dessus la jambe. Et Jésus ne les reprend même pas !

Infidélité des publicains ? Infidélité de ceux qui frayent avec eux ? Jésus, alors, renvoie au thème biblique des noces, qui évoque automatiquement le Cantique des Cantiques, ou, surtout, parlant d’infidélité, le prophète Osée.

*


Osée : nous ne savons rien de lui sinon qu’il est cocu. Osée nous raconte ses déboires conjugaux avec son épouse infidèle, nommée Gomer. Osée, naturellement, souffre de ces déboires, et c’est de là que va partir sa prophétie. Il va comparer ses propres malheurs avec sa femme et ceux de Dieu avec Israël, infidèle lui aussi, comme dans Marc les publicains.

On sait qu’Israël s’est coupé en deux après le règne de Salomon. Osée parle à Israël, royaume du Nord, séparé de la dynastie qu’il considère comme légitime, celle du Sud, Juda (ch. 3 v.5). Les indications chronologiques placées en tête du livre [sont nommés des rois de Juda, le Sud, et Jéroboam II, du Nord] permettent de dire que la prophétie réfère à une époque située entre 786 et 724 av. J.-C., époque sur laquelle on a quelques informations.

Jéroboam II, ici mentionné, a régné à Samarie, capitale du Nord, pendant 41 ans, dès 785 av. J.-C., env. ; rendant la prospérité au royaume.

Mais, avec la prospérité, la corruption, les injustices, l’abandon de Dieu et l'idolâtrie se développent ; le fossé entre les riches et les pauvres se creuse toujours davantage : les nantis vivent dans un luxe inouï, oppriment les plus pauvres, multiplient les injustices et les abus.

Et après la mort de Jéroboam II, la situation se dégrade. Ce sera la période la plus sombre de l'histoire d'Israël : des usurpateurs s'emparent du pouvoir, puis sont renversés à leur tour (4 successeurs de Jéroboam sont assassinés durant cette période) ; bref, c'est le règne du despotisme et de la confusion.

Le message d'Osée est principalement dirigé contre l'idolâtrie qui accompagnait la prospérité matérielle. Dès son entrée en Terre promise, Israël avait été confronté au culte de Baal, dieu de la pluie et de la fertilité. On subit les influences de l'idolâtrie. Le livre d'Osée témoigne d’un temps où la masse du peuple a adhéré au culte de Baal et d'Achéra, le plus immoral de tout l'ancien Orient : plusieurs fois par an, leurs fêtes étaient accompagnées de prostitution rituelle, violence et beuveries, etc.

Osée veut amener son peuple au repentir, le faire revenir au Dieu qui ne se lasse pas de l'aimer et de l'attendre. Comme lui, le prophète Osée, aime et attend Gomer.

Le livre commence donc par l'histoire du mariage et des malheurs conjugaux d'Osée : le texte nous dit que Dieu lui demande d'épouser une prostituée qui fatalement, quelque temps plus tard, lui devient infidèle. Non pas, probablement, que Dieu l’ait envoyé épouser une femme préalablement prostituée – qui plus est dans le but d’en faire sortir une prophétie ! Mais c’est rétrospectivement qu’Osée considère que ses déboires sont dans le regard de Dieu qui a évidemment prévu les choses. Et sachant que selon le Proverbe, c’est Dieu qui donne sa femme à chacun : « celui qui a trouvé une femme, c’est là un don de Dieu » ; Osée considère que la femme que Dieu lui a donnée, il la lui a donnée en sachant très bien l’aboutissement de chose : un Osée malheureux comme son Dieu. C’est une façon de nous dire que ce qu’Osée en est venu à découvrir à travers son vécu douloureux avec son épouse, correspond à ce que Dieu vit avec son peuple, qui se prostitue avec des divinités illusoires qui se font célébrer dans la prostitution dite sacrée, adultère à l’égard de Dieu.

Ainsi Osée peut s’identifier à lui, en quelque sorte, le comprendre. Quoiqu’il en soit de savoir si Gomer était déjà au moment du mariage ce qu'elle est devenue, Dieu connaissait ses dispositions profondes et il avait une intention prophétique : à travers cette histoire, il va parler à son peuple. C’est ainsi qu’Osée l’interprète.

Dieu n'avait-il pas, lui aussi, pris son peuple pour le combler de son amour, bien qu'il ait connu d'avance ses dispositions profondes et ce qui allait s'ensuivre ? Et le prophète de rappeler certaines choses : dès le désert du Sinaï, Israël a adoré le veau d'or (ch. 13 v. 2) ; puis entré en Terre promise, il a sacrifié à l’idole Baal (ch. 2. v 7s.), il a consulté les voyants (ch. 4 v. 12)... Tout cela équivaut à de l'adultère à l’égard de Dieu, à de la prostitution. Osée utilise cette image du mariage que bien des prophètes (Jer 2.2; 3.1-4; Isa 54.5; Eze 16.33) et des auteurs du Nouveau Testament (2 Co 11.2; Eph 5.23-32, etc.) reprendront pour décrire les relations de Dieu avec son peuple.

C’est de la sorte qu’à travers ses souffrances conjugales, Osée comprend celles de Dieu. Sa fidélité à l'épouse infidèle reflète la patience et l'amour de Dieu, inébranlable et fidèle. Le "prophète au cœur brisé" peut apporter le message — qui vaut à travers les siècles, jusqu’à nous — du Dieu dont le cœur est meurtri par les infidélités de son peuple. Reste cette promesse : Israël saura de nouveau quel est son Dieu et reviendra à lui.

C’est l’histoire du boulanger de Pagnol parlant à la chatte Pomponette pour lui expliquer le malheur du chat Pompon. Le boulanger qui parle en fait à sa femme, qui parle de sa femme. Osée parlant de son épouse parle en fait de Dieu.

Et Osée de souligner ainsi la sainteté de Dieu et son horreur pour le péché (2.4-5 ; 6.5; 9.9; 12.15, etc.), ainsi que son amour pour Israël (2.16-18, 22-25 ; 3.1; 11.1-4, 8-9; 14.5, 9 [4, 8], etc.). Le péché, en dernière analyse, est, sous sa plus terrible forme, une infidélité à l'amour. Il frappe Dieu au cœur.

La pensée essentielle du message d'Osée est alors la suivante : l'amour, puissant, inaltérable de Dieu pour le peuple, ne sera satisfait que lorsqu'il aura rétabli une parfaite harmonie entre le peuple et lui.

*


Jésus a renvoyé ses interlocuteurs religieux au thème biblique des noces, qui évoque automatiquement face à la question de l’infidélité, ici des publicains que dénoncent les religieux, le prophète Osée.

Eh bien ! Jésus renvoyant implicitement à Osée, se présente comme celui qui vient accomplir enfin la promesse, celle du temps d’Osée, que l’amour de Dieu finira par triompher ; cette promesse que n’ont pas su accomplir ses collègues pharisiens qui au fond, si l'on en croit la façon dont ils l'interpellent à ce moment-là, se sont comportés du coup comme les prêtres, rois et prophètes du temps d’Osée : ils ont en quelque sorte donné le mauvais exemple : ils reprochent aux percepteurs à la solde des Romains leur infidélité ; à juste titre...

Sauf que cela conduit à oublier que Dieu aime même ces pécheurs-là, comme au temps d’Osée, il a aimé son peuple adultère. Sauf que de lasorte, on est mené à mal accueillir ceux d’entre ces pécheurs qui se repentent, comme Dieu le veut. Ce qui revient à une façon subtile à une trahison de Dieu. À en donner pour autrui un visage dont on n’aimerait pas se le voir présenter à soi. Le visage impitoyable de celui qui n’est pas prêt à accueillir celui qui revient à lui. Du coup, on s'en est éloigné soi-même, incapable de mener à son accomplissement la promesse de Dieu pour son peuple pécheur. Alors Jésus est envoyé, pour l’accomplir, lui, cette promesse. À savoir que Dieu, s’il ne supporte certes pas l’infidélité de son peuple, s’il en souffre atrocement ; Dieu est toujours prêt à l’accueillir quand il revient à lui. C’est humiliant, certes, mais quel bonheur. Ce message vaut aussi pour ses interlocuteurs, qui sans s’en rendre compte — pensez ! ils sont tellement pieux ! Car ils le sont réellement ! — sont en fait, de cette façon-là, éloignés de Dieu. C’est le sens du message de Jésus venu réconcilier les pécheurs, comme un médecin guérit les malades.


R.P.



17:25 Écrit par rolpoup dans Dimanches & fêtes | Lien permanent | Commentaires (0)

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