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14 mai 2006
Appelés enfants de Dieu
… et nous le sommes
1 Jean 3
1 Voyez, quel amour le Père nous a donné, puisque nous sommes appelés enfants de Dieu! Et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas: c’est qu’il ne l’a pas connu.
2 Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté; mais nous savons que lorsqu’il sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est.
[…]
16 A ceci, nous avons connu l’amour: c’est qu’il a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour les frères.
17 Si quelqu’un possède les biens du monde, qu’il voie son frère dans le besoin et qu’il lui ferme son cœur, comment l’amour de Dieu demeurera-t-il en lui?
18 Petits enfants, n’aimons pas en parole ni avec la langue, mais en action et en vérité.
19 Par là nous connaîtrons que nous sommes de la vérité, et nous apaiserons notre cœur devant lui,
20 de quelque manière que notre cœur nous condamne: Dieu est plus grand que notre cœur et connaît tout.
21 Bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons de l’assurance devant Dieu.
22 Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui lui est agréable.
23 Et voici son commandement: Que nous croyions au nom de son Fils Jésus-Christ, et que nous nous aimions les uns les autres, selon le commandement qu’il nous a donné.
24 Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui; et nous reconnaissons à ceci qu’il demeure en nous, par l’Esprit qu’il nous a donné.
*
« Voyez quel amour le Père nous a donné, puisque nous sommes appelés enfants de Dieu. » Comment l’Épître en arrive-t-elle à une telle affirmation ? — : nous sommes appelés enfants de Dieu — du fait que Dieu nous a aimés, au point que l’Épître pourra dire finalement carrément : Dieu est amour / ou, selon la traduction, sans doute préférable, moins vague, de Chouraqui Dieu est chérissement : voyez quel amour le Père nous a donné, de quel amour il nous a chéris.
Rien d’évident dans une telle assertion — le Père nous a chéris —, sachant ce qu’est le monde, le cauchemar du monde — dont Dieu est tout de même le créateur ! —, sachant la haine de ce monde ennemi, que rappelle aussi l’Épître. Comment peut-on dire que Dieu nous aime, que Dieu est amour ?! Parole incroyable, ou, si on la prend au sérieux, une telle parole — le Père nous a aimés — pose ipso facto une mystérieuse souffrance en Dieu ; et effectivement ce qui fonde cette assertion, c’est qu’ « à ceci, nous avons connu l’amour: c’est qu’il a donné sa vie pour nous » (v. 16). La croix ! Amour égale, d’une façon ou d’une autre, souffrance.
Et en parallèle, non moins mystérieux, cette souffrance — exprimée à la croix, signe du don de sa vie — cette souffrance dans cet amour, fonde un détachement à l’égard du monde ; le détachement par la croix — « je ne suis plus dans le monde » disait Jésus pour ses disciples à l’approche de sa mort — détachement qui ouvre pour les disciples l’entrée dans l’amour de Dieu (« Nous aussi, nous devons donner notre vie pour les frères » — v. 16), — détachement, puisque, n’oublions pas, l’amour du monde est en opposition à l’amour de Dieu.
C’est tout cela que pose notre confession que Jésus est le fils de Dieu, manifestant Dieu comme Dieu-amour, Dieu qui nous chérit, donnant « sa vie pour nous » — ce qui atteste que Dieu nous reçoit comme ses enfants. Voilà qui demande éclaircissement.
*
Ainsi Dieu nous a aimés de sorte que nous sommes enfants de Dieu — réellement, précise l’Épître…, et cela ne se voit pas — tout comme, au regard de ce que sont les choses, il ne se voit pas que Dieu est amour.
C’est de la même sorte, donc, que nous sommes enfants de Dieu ; et que cela ne se voit pas, n’est pas encore clairement révélé — « nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ». Chose difficile à exprimer, qui correspond aussi au « pouvoir de devenir enfants de Dieu » du Prologue de l’Évangile de Jean, « pouvoir », c’est-à-dire « pas encore », « pas tout à fait ». En d’autres termes c’est là une réalité déjà avérée — « nous le sommes » —, déjà donnée à la foi au Ressuscité ; mais qui n’extrait pas du monde pour autant — chose déjà vraie, mais pas encore pleinement réalisée, comme le papillon et la chrysalide.
Ici « enfants de Dieu », ne veut évidemment pas dire simplement créatures, mais parle de filiation intérieure, ce don de la foi. Il s’agit de participation à la filiation du Ressuscité. Bref, nous sommes déjà ressuscités, mais le monde et tout ce qui fait son cortège de douleur et de malheur, qui prospèrent par le péché, persistent.
Où la dualité tragique nous traverse jusqu’au jour où « nous deviendrons semblables à lui », où ce que nous sommes réellement sera « clairement révélé ».
*
Car en attendant, qui prétendrait accomplir correctement ce que Dieu demande ? Nous l’avons entendu — ce détachement qui seul fonde l’amour : « Si quelqu’un possède les biens du monde, qu’il voie son frère dans le besoin et qu’il lui ferme son cœur », il manifeste par là être du monde — ne pas croire, ou pas tout à fait, que la vérité n’est pas de ce monde, qui, lui, est illusoire.
Eh bien, le fondement de l’amour / charité est la foi au Ressuscité, porte de la naissance au monde d’en haut — qui se traduit par un détachement des « biens » illusoires de ce monde (qui voudraient nous laisser comme prisonniers de notre chrysalide) — un détachement qui ne sera complet que lors de l’éclosion finale de l’être intérieur, enfant de Dieu. Ce détachement est concrétisé par ce signe de l’abandon des biens illusoires qu’est leur partage concret, « en action et en vérité ».
Attitude inverse à celle de Caïn (cité au v. 12 : « ne faisons pas comme Caïn, qui était du Malin et qui égorgea son frère » — Caïn dont le nom a comme racine « possession ». « Possession » des biens illusoires comme origine — dès le commencement — de la haine et du meurtre.
Être passé de la mort à la vie — détaché, dépossédé de ce monde — libère non « pas en parole ni avec la langue, mais en action et en vérité ».
C’est le critère de notre communion avec Dieu, de notre paix : aimer en vérité. Mais alors voilà qui peut être inquiétant, et pas du tout apaisant. En effet, qui prétendra être à la mesure ? Comment dans ce cas, notre conscience, notre cœur, ne nous condamneraient-il pas, au fond ?
*
Eh bien, « De quelque manière que notre cœur nous condamne : Dieu est plus grand que notre cœur ». Parole décisive quand « l’apaisement de notre cœur », quand notre paix devant lui, est en rapport avec ce critère de notre connaissance de la vérité qui est que nous gardions ses commandements.
Car apparemment, il y a là tout pour n’être pas suffisamment apaisés devant lui : garder ses commandements, « que nous nous aimions les uns les autres » ! Qui est à la mesure ?
Eh bien « de quelque manière que notre cœur nous condamne: Dieu est plus grand que notre cœur et connaît tout. »
Il y a là, dans cette connaissance, suffisamment pour que « notre cœur ne nous condamne pas, [et que nous ayons] de l’assurance devant Dieu » — puisque Dieu, en effet, est plus grand que notre cœur, plus grand que notre conscience qui aurait tout pour nous condamner. Il n’y a donc d’assurance qu’en Dieu, de conscience apaisée qu’en Dieu.
C’est ainsi que son commandement, le fondement de son commandement, est bien « que nous croyions au nom de son Fils Jésus-Christ ».
Une parole de Luther a bien exprimé cela : « […] à bon droit on attribue à la foi un pouvoir assez grand pour qu'elle puisse satisfaire aux exigences de tous les commandements et qu'elle nous justifie sans le concours d'aucune bonne œuvre. Car […] elle satisfait aux exigences du premier commandement qui prescrit : "Tu honoreras un seul Dieu." Quand vous ne seriez que bonnes œuvres des pieds à la tête, vous ne seriez quand même pas juste, vous n'honoreriez encore nullement Dieu et vous ne satisferiez pas aux exigences du tout premier d'entre les commandements. Car il n'est pas possible d'honorer Dieu sans lui reconnaître la véracité et toutes les qualités, comme il les possède d'ailleurs vraiment. C'est ce que ne fait aucune bonne œuvre, mais seule le fait la foi du cœur.
Aussi est-ce en elle seule que l'homme devient juste et satisfait aux exigences de tous les commandements. Car celui qui satisfait aux exigences du premier et du plus important d'entre les commandements, satisfera sûrement et aisément aux exigences de tous les autres commandements » (Traité de liberté du chrétien, éd. GF p. 214).
Alors l’autre partie de son commandement, « que nous nous aimions les uns les autres », devient, non pas parole impossible qui verrait à nouveau notre cœur nous condamner, mais expression de la liberté qui est dans la conscience libérée par celui qui est plus grand que notre conscience « et nous reconnaissons à ceci qu’il demeure en nous, par l’Esprit qu’il nous a donné. »
« SEIGNEUR, écoute ma prière, prête l’oreille à mes supplications, par ta fidélité, par ta justice, réponds-moi!
N’entre pas en jugement avec ton serviteur, car nul vivant n’est juste devant toi.
[…] Dès le matin, annonce-moi ta fidélité, car je compte sur toi. Révèle-moi le chemin à suivre, car je suis tendu vers toi.
SEIGNEUR, délivre-moi de mes ennemis ; Je me cache auprès de toi.
Enseigne-moi à faire ta volonté! Car c’est toi mon Dieu. Que ton Esprit me guide avec bienveillance sur un sol sans obstacle. » (Psaume 143, 1-2 & 8-10)
Esprit nous irriguant comme la sève du cep irrigue les sarments selon le texte de l’Évangile de ce jour, que nous lirons à présent :
Jean 15, 1-8 :
1 "Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron.
2 Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruit, il l’enlève, et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il en porte davantage encore.
3 Déjà vous êtes émondés par la parole que je vous ai dite.
4 Demeurez en moi comme je demeure en vous! De même que le sarment, s’il ne demeure sur la vigne, ne peut de lui-même porter du fruit, ainsi vous non plus si vous ne demeurez en moi.
5 Je suis la vigne, vous êtes les sarments: celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
6 Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, il se dessèche, puis on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent.
7 Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et cela vous arrivera.
8 Ce qui glorifie mon Père, c’est que vous portiez du fruit en abondance et que vous soyez pour moi des disciples.
C’est de la même façon que nous sommes déclarés enfants de Dieu, par la foi : « à qui croit en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfant de Dieu » (Jean 1, 12) — « Voyez, quel amour le Père nous a donné, puisque nous sommes appelés enfants de Dieu ! Et nous le sommes réellement ».
R.P.
12:45 Écrit par rolpoup dans Dimanches & fêtes | Lien permanent | Commentaires (0)
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